28 janv. 2011

L'armée patrouille dans Le Caire, à feu et à sang

Le 4e jour de manifestations contre le pouvoir a totalement dégénéré ce vendredi en Egypte, notamment dans la capitale. Face à la situation, le président Hosni Moubarak a décrété le couvre-feu et demandé à l'armée d'intervenir pour aider la police, débordée par les manifestants.


Le Caire, et plusieurs grandes villes égyptiennes, vivaient une première nuit de couvre-feu avec la présence de blindés de l'armée patrouillant dans les rues. Débutée mardi, la contestation a en en effet passé un cap vendredi, jour de grande  prière hebdomadaire : les protestataires sont désormais plusieurs dizaines de milliers,,, au Caire comme en province, et les heurts ont été de plus en plus violents.
Lors de cette "Journée de colère", comme elle était baptisée par avance, les manifestants, qui réclament le départ du président Hosni Moubarak (au pouvoir depuis 1981) et veulent "importer" la révolution tunisienne, s'en sont notamment pris aux symboles de l'autorité de l'Etat -commissariats incendiés, siège du parti au pouvoir (Parti national démocrate) saccagé, attaque contre la télévision publique, préfecture prise d'assaut... Tout ceci malgré le déploiement d'un impressionnant dispositif policier et la coupure d'Internet et des réseaux de télécommunications, utilisés par les opposants pour s'organiser.
Les musées du Caire craignent les pillages
Selon un bilan très provisoire diffusé vendredi vers 23 heures, heure de Paris, cinq personnes ont été tuées au Caire et 13 à Suez. Plus d'un millier de personnes ont aussi été blessées. Etant donné la violence des accrochages, qui se poursuivaient dans la nuit de vendredi à samedi, il est fort probable que ce chiffre augmente rapidement. L'armée égyptienne a dispersé vendredi soir les manifestants qui tentaient de s'emparer du siège de la télévision publique égyptienne, dans le centre du Caire, rapporte un témoin. Un correspondant de la chaîne de télévision Al Arabia avait affirmé un peu plus tôt que des contestataires avaient pris le bâtiment. Le siège du parti majoritaire aurait aussi été pris pour cible, des images diffusées à la télévision le montrait en flammes.
Conséquence de cette dégradation de la situation : Hosni Moubarak, chef des armées, a donc ordonné à l'armée d'intervenir pour prêter main forte à la police, débordée. Il a également décrété l'instauration d'un couvre-feu de 18h à 7h, au Caire, à Alexandrie et à Suez. Le chef d'état-major égyptien qui conduisait une délégation militaire pour des entretiens au Pentagone prévus jusqu'à mercredi, doit retourner en Egypte.
Moubarak à la télévision ?
L'armée égyptienne a aussi sécurisé vendredi soir les abords de plusieurs ambassades étrangères et du musée du Caire, qui regorge de trésors de l'antiquité égyptienne. Des unités de l'armée ont notamment pris position autour des ambassades américaine et britannique. Selon la télévision publique, les mesures de protection mises en oeuvre autour du musée visent à éviter tout risque de pillage. L'établissement concentre en effet des richesses inestimable, dont le trésor du pharaon Toutankhamon.
Pour la première fois depuis le début de la crise, le président devrait s'exprimer bientôt à la télévision pour tenter de reprendre le main. Il a intérêt à le faire rapidement: en milieu de soirée, des témoins affirmaient que la police n'intervenait quasiment plus dans la capitale et que des militaires commencaient à fraterniser avec les manifestants. Or  l'armée est censée être totalement acquise à la cause d'Hosni Moubarak. De son côté, le président de l'Assemblée du peuple, Fathi Srour, a déclaré vers 22h30 heures de Paris qu'une "importante annonce" serait faite incessamment. Cependant, après 23 heures, rien n'avait encore était annoncé.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire