24 janv. 2011

Quand les études européennes parlent de la jeunesse marocaine

Mythe ou réalité ?

Nombre de médias ont récemment traité les soulèvements en Tunisie en se demandant si cette révolution pourrait entraîner une réaction en chaîne dans d’autres pays arabes. Difficile d’anticiper et de répondre à une question aussi épineuse. Pourtant, une étude récente sur la jeunesse dans le monde, notamment marocaine, pourrait donner quelques éléments de réponse, même si les études connaissent elles aussi des limites.

Si le chômage et le manque de confiance des jeunes Tunisiens à l’égard de leur gouvernement semblent avoir été les principaux facteurs déclencheurs du renversement de Ben Ali, qu’en est-il de ces deux points au Maroc? C’est justement l’éclairage que tente d’apporter l’étude intitulée “2011, la jeunesse du monde”, parue avant même ces événements.
Une étude conçue par la Fondation pour l’innovation politique, un think tank français, et réalisée par le groupe TNS Opinion, un centre d'études politiques et sociales pour le compte des institutions européennes.
À la question “qu’est-ce qu'un bon emploi?”, l'étude révèle que la jeunesse marocaine (un échantillon de 1.000 personnes) ne place ni le critère financier ni celui des opportunités de carrière au premier plan.

Le Maroc connaît un fort taux de chômage chez les jeunes. Il atteint 17,9% chez les 15 à 24 ans, et 12,7% chez ceux de 25 à 34 ans, en 2009, selon le HCP./DR
Le Maroc connaît un fort taux de chômage chez les jeunes. Il atteint 17,9% chez les 15 à 24 ans, et 12,7% chez ceux de 25 à 34 ans, en 2009, selon le HCP./DR

 Le travail idéal: d'utilité sociale et prestigieux ?  

La jeunesse marocaine semble par contre éprouver plus de plaisir à travailler dans un domaine qui a une utilité sociale: 38% chez les jeunes marocains contre seulement 23% chez leurs homologues européens. Le prestige est par ailleurs lui aussi valorisé par la jeunesse marocaine, plus que chez nos voisins, nous dit l’étude (19% chez la jeunesse marocaine contre 4% en France).

Pourtant, dans les faits, l’étude semble oublier, dans la formulation de ces questions, que le taux de chômage parmi ces jeunes est élevé. Il atteint les 17,9% chez les jeunes de 15 à 24 ans, et 12,7% chez ceux de 25 à 34 ans, en 2009, selon le Haut Commissariat au Plan (HCP). Lorsqu’elle les interroge sur ce qu’ils attendent d’un emploi, elle semble aussi omettre que des rassemblements de jeunes diplômés au chômage ont lieu devant le Parlement à Rabat depuis plusieurs années.
Utilité sociale et prestige? De quelle jeunesse parle donc cette étude? En lisant entre les lignes, le lecteur peut être amené à croire que les offres d’emploi sont si nombreuses que le jeune diplômé n'a que l'embarras du choix, au point de prendre ses décisions selon des critères secondaires tels que l’admiration que celui-ci peut impliquer.

Les jeunes marocains sont “les plus disponibles à l’ultime sacrifice”
Pour ce qui est de la confiance à l’égard du gouvernement et des institutions nationales, l'étude indique que 60% de la jeunesse marocaine témoigne d’un fort sentiment de confiance à l’égard du premier alors que 58% d’entre eux disent avoir confiance dans les institutions nationales.
Le sentiment de patriotisme semble lui aussi fort: les jeunes marocains sont “les plus disponibles à l’ultime sacrifice” pour la patrie (soit 69% d’entre eux), selon cette étude. Plus de la moitié (55%) des Marocains dit par ailleurs qu’il est “acceptable de désobéir à la loi pour combattre l’injustice dans la société”... Reste à savoir si les deux sont conciliables!
Quand on sait que cette étude a été administrée via un questionnaire électronique et que seul 25% de la population marocaine a accès à Internet (Socialbakers.com), on est en droit de se demander si la jeunesse marocaine dont parle ce document reflète bel et bien notre jeunesse.

By Adilmaroki

 

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